J'avais un peu de mal à respirer, le souffre coupé lorsque mes pattes touchèrent le sol lisse. Il m'a déposé doucement sur le sol, un sourire aux lèvres, puis s'était éloigné.


Nous étions l'un contre l'autre, serrés dans notre cage, mon frère et moi, lorsque les deux humains sont arrivés. Le plus petit avait un visage doux et calme, l'autre, plus dur et presque sadique, avec un petit sourire en coin qui ne laissait présager rien de bon. Je frissonne à l'idée que mon frère soit en ce moment avec lui. Que peut-il bien lui faire? J'espère qu'il va bien, que personne ne lui fait du mal, et surtout pas ce grand homme effrayant. L'homme le plus petit m'avait pris, ses mains étaient douces. Il m'avait pris avec délicatesse et m'avait emmené vers une pièce que je ne connaissais pas bien. De loin, je voyais que l'autre homme emmenait aussi mon frère. Pitié, ne lui faites pas de mal, il est tout ce que j'ai.

Je ne le savais pas encore, mais bientôt, j'aurai aussi mon maitre, toujours là pour moi ...



L'homme me pose une chose sur le dos, elle est si lourde que je m'écrase littéralement au sol sous son poids, mes pattes s'effondrent et s'écartent sur le sol glissant, mon menton cogne le sol. Heureusement, je n'ai pas mal, et je tente fébrilement de me remettre debout. Lorsque j'y parviens, je me dresse naturellement, haute, malgré mon apparence fébrile, dans mes yeux brûle la flemme de mon âme. Je frissonne. L'Homme me regarde de loin, ses yeux me percent, ils sont d'une douceur et d'une bienveillance qui m'étonne tant que j'en reste pourtant tétanisée, incapable de bouger, tant j'avais peur. Tout se confondait. Je me souvenais des paroles floues du loup qui avait réussi à venir nous voir. Même maintenant, je n'ai pas réussi à en comprendre pleinement le sens. Un jour peut-être. J'étais attachée à une laisse, avec un petit collier assez léger et qui ne me gênais pas franchement. A chaque fois qu'ils nous sortaient, nous avions un collier, alors je m'y étais un peu habituée. L'Homme prend un bâton. Je ne connais pas cet instrument, juste de nom. Les chiens nous en avaient un peu parlé, et nous avions déjà vu des êtres récalcitrants en prendre des coups. Je n'y avais jamais goûté, pourtant, je savais ce que cela signifiait. La dûreté. D'instant, je me recroquevillais un peu sur moi même, rentrant les épaules et groupant légèrement les pattes.

L'Homme me montre quelque chose là bas. Ca sent bizarre, je ne sais pas ce qui me dérange le plus : l'odeur du loup sauvage ou l'idée de mort qui imprègne cette peau tannée. Je ne comprends pas ce qu'il veut. Je regarde le mannequin. Il est inoffensif. C'est une chose inerte, elle ne nous fait courir aucun risque. Peut-être que l'Homme ne l'avait pas compris?

Prenant mon courage à deux mains, je m'avance vers le mannequin, doucement, d'un pas souple, naturel. Je pris une des pattes de la peau, et tirait doucement dessus, la faisant glisser du mannequin. Je marchais sur la peau, me retourne et regarde l'Homme. Je plisse un peu les yeux.


" Il ne peut rien faire, c'est une peau. Celui qui l'avait est mort depuis longtemps. "


Il était sûrement très étrange qu'un loup, un animal sauvage réagisse de la sorte. Mais je n'étais pas vraiment de cette espèce. J'avais été élevé ici, avec un rapport au monde différent. Je n'étais pas un de ces stupides chiens, comme notre gardien Crakos, qui se serait jeté sur l'odeur puante, alors même que c'était une chose morte et inerte. Je le voyais dans ma tête, secouer la peau dans tous les sens. C'est une chose morte. Elle ne représente aucun danger. Le loup vivant est un danger, le loup mort est neutralisé.